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La Fondation Noura, créée en 1988 aux Pays-Bas est présente en Mauritanie depuis 1997 et très active en milieu carcéral. Avec l’appui de l’UNFPA, elle a livré à la prison civile de Nouadhibou un lot d’équipements et de produits désinfectants destinée aux femmes détenues. Ces équipements sont composés de six machines à coudre électriques, un lot de fils et élastiques, six paires de ciseaux, 300 mètres de tissus pour permettre aux femmes détenues de confectionner des masques de protection contre la Covid-19 et pouvoir en tirer des revenus. Ils comprennent également un congélateur de 400 litres. Pour protéger les pensionnaires contre la propagation en milieu carcéral du Covid-19, des produits désinfectants ont été offerts, savon, eau de javel et dispositifs de lavage des mains. Un kit de dignité, comprenant des melahfas (voiles) leur ont également été offert.

En période de Covid-19, une pensée pour les femmes détenues

Le régisseur de la prison civile de Nouadhibou, M. Mohamed Yeslem Ould Mohamed Meyara, a tenu à cette occasion à remercier la Fondation Noura et l’UNFPA pour cet important don qui contribuera certainement, selon lui, à mieux prémunir les femmes détenues de la pandémie de Covid-19. « Actuellement, nous avons huit femmes détenues, le nombre baisse et augmente au gré des déferrements« , a-t-il précisé, soulignant que les autorités pénitentiaires au niveau de Nouadhibou apprécient à leur juste valeur les interventions judicieuses de la Fondation Noura auprès des prisonniers.

Le Directeur de la Fondation Noura en Mauritanie, Alfred Mbemba et ses collaborateurs, accompagnés de Bâ Djibril de l’UNFPA, du capitaine de la garde pénitentiaire et du régisseur, se sont rendu dans l’aile réservée aux femmes détenues pour discuter avec elles et leur remettre des kits contenants des voiles (melahfas). Le reste des équipements et des produits désinfectants ont été remis au régisseur de la prison.

Selon Alfred Mbemba, « nos activités se déroulent en général dans les établissements pénitentiaires où nous assurons des activités de formation, d’éducation et d’insertion sociale, ainsi que de la justice réparatrice. Depuis six mois, nous travaillons avec l’UNFPA pour le renforcement des capacités de résilience des femmes détenues, notamment en cette période de Covid-19 ».

Dans sa déclaration, le directeur Mauritanie de la Fondation Noura s’est réjoui de la réaction immédiate de l’UNFPA à leur demande d’appui dans ce cadre, pour la plus grande satisfaction des femmes détenues qui selon lui, « ont reçu des kits et des équipements pour pouvoir produire des masques et améliorer leurs conditions de détention ». Il a souligné que son organisation réfléchit déjà à d’autres pistes de collaboration avec l’UNFPA, pour mieux assister les femmes détenues dans d’autres aspects, comme la prévention contre les violences faites aux femmes.

Les femmes détenues ont pour leur part tenu à exprimer leur satisfaction par rapport à ce geste humanitaire, remerciant au passage la Fondation Noura et l’UNFPA. Elles se sont dites entièrement confiantes quant à la bonne gestion de ce don par l’administration pénitentiaire.

A son tour, Bâ Djibril, expert VBG/MGF auprès de l’UNFPA, s’est félicité du bon déroulement de la mission. Il s’est dit « satisfait de la sensibilisation et de la formation dispensées au personnel de la garde pénitentiaire sur les règles internationales relatives aux droits des prisonniers. » Il est aussi heureux des des « cours de morale islamique livrés par l’Imam Abdoulaye Sarr aux prisonniers sur la Miséricorde divine ».

Bâ Djibril a déclaré que les résultats attendus de ce renforcement des capacités de résilience des femmes détenues, qui a déjà profité à la prison des femmes de Nouakchott, est de leur offrir un environnement carcéral propre et assaini, d’assurer leur épanouissement et de susciter en elles un désir de leadership transformateur.Il  a rappelé le contexte de la Mauritanie, où « le déséquilibre du pouvoir tend à être étroitement lié aux normes sociales, à l’accès à la justice, à la dépendance économique des femmes et à leur insécurité financière. La majorité d’entre elles sont issues de classes sociales défavorisées ».

Gardes et détenus sensibilisés sur les droits et les devoirs du prisonnier

La Fondation Noura, sur la base d’un « guide du détenu » qu’elle a élaboré, a dispensé mercredi 26 novembre 2020 un cours de droit international sur les droits et obligations des prisonniers à l’intention du personnel pénitencier de Nouadhibou. Alfred Mbemba a déclaré dans ce cadre que « les gardes ont un rôle de sécurité, mais aussi un rôle d’éducation dans la moralisation et l’humanisation de l’univers carcérale ». Il a souligné, du haut de sa longue expérience dans les prisons mauritaniennes, que « les gardes mauritaniens se sont beaucoup professionnalisés« . Selon lui, ils sont plus proches des prisonniers et gèrent pratiquement à 80 % le milieu carcéral, à côté de l’administration pénitentiaire. « C’est pourquoi il faut encore renforcer leurs capacités », a-t-il précisé.

Le directeur de la Fondation Noura a déclaré, d’autre part, que « les prisonniers doivent gagner de l’argent durant leur détention pour assurer leur indépendance dès leur libération ». Il a aussi précisé que son organisation, qui dispose d’un avocat dans chaque prison, œuvre pour l’accès des détenus aux services de justice, pour aider notamment les prisonniers dont les délais de prévention excèdent les délais légaux et dont les dossiers tombent dans la plupart des cas dans l’oubli des administrations pénitentiaires et judiciaires.

Alfred Mbemba a loué le dispositif de prévention en vigueur en Mauritanie dans le milieu carcéral contre la pandémie de Covid-19, notamment à Nouakchott, où les déférés passent d’abord par un centre de rétention sanitaire pendant quatorze jours avant d’aller en prison si le test est négatif. Il a cependant regretté que ce dispositif ait exclu les femmes et les enfants détenus.

Pour sa part, l’Imam Abdoulaye Sarr a organisé une conférence devant un parterre de prisonniers sur la Miséricorde divine et le repentir. Une leçon qui selon le témoignage de quelques détenus, était très instructive. Ce cours a suscité un débat entre l’Imam et les détenus, qui semblaient avoir été captivés.