En Mauritanie, les Mutilations Génitales Féminines (MGF) sont profondément enracinées dans certaines dans les us et coutumes de certaines communautés, souvent justifiées par des croyances culturelles et religieuses.
La persistance des MGF touche encore une large part de la population féminine, avec une prévalence estimée à 64% des filles et femmes entre 15-49 ans et de 45% pour les filles âgées de 0-14ans., malgré les efforts.En 2009, l’UNFPA et l’UNICEF, en collaboration avec le gouvernement mauritanien, ont lancé le Programme Conjoint pour mettre fin aux mutilations génitales féminines (PC/MGF) visant à promouvoir l’abandon volontaire des MGF en sensibilisant les communautés et en impliquant les leaders religieux et communautaires.
Les ONG partenaires du PC/MGF ont réalisé des progrès significatifs dans la lutte contre les MGF au cours du dernier trimestre de 2024., En collaboration avec les autorités administratives et les communautés locales, elles ont organisé avec succès des déclarations publiques d'abandon des MGF dans deux wilayas à haute prévalence. C’est une campagne qui a ainsi touché, à travers une mobilisation exceptionnelle, les populations de 15 localités qui s'engagent volontairement à abandonner les MGF. Une victoire pour les droits des femmes et des filles.
Les cérémonies de déclaration ont été l'occasion de sensibiliser les populations aux dangers des MGF et de rappeler la position de l'Islam sur cette pratique néfaste.
Entre le 15 et le 25 décembre 2024, trois déclarations publiques ont été tenues dans les régions du Brakna, du Hodh El Gharbi, et de l’Assaba en Mauritanie, mettant en avant des priorités spécifiques selon les contextes locaux. À Dar El Barka, dans le Brakna, dix localités, dont Sinthiane Diam et Loboudou Ibrahima, ont souligné l’importance de l’accès à l’éducation, à la santé communautaire et à l’autonomisation économique. À Oum Lahbal, dans le Hodh El Gharbi, quinze localités, notamment Météo et Nebya, ont adopté une approche collaborative pour améliorer les services de base dans des zones isolées. Enfin, à Kouroudiel et Kankossa, dans l’Assaba, les discussions se sont concentrées sur la lutte contre les pratiques néfastes et la promotion de l’égalité des genres
Une mobilisation diversifiée et inclusive
Ces déclarations ont réuni un large éventail d’acteurs issus de divers horizons. L'administration locale, incluant des autorités administratives telles que les Hakems (Préfets) et les directeurs régionaux du MASEF (Ministère de l’Action Sociale, de l’Enfance et de la Famille) , a joué un rôle central en apportant un soutien institutionnel à ces initiatives. Parallèlement, les élus locaux, les leaders communautaires et religieux ont contribué à mobiliser les populations, favorisant une large adhésion aux thématiques abordées.
L’inclusion des jeunes garçons et filles ainsi que des femmes leaders associatives et d’anciennes exciseuses, témoigne d’une approche participative. Par ailleurs, des jeunes artistes tels que des rappeurs ont été impliqués pour transmettre des messages de sensibilisation sous des formes innovantes. Enfin, le corps enseignant et le personnel de santé ont été mobilisés pour assurer la pérennité des engagements pris lors de ces événements.
Des comités de veille ont été mis en place dans chaque localité pour renforcer la sensibilisation et assurer le suivi des engagements.
En effet, ces déclarations publiques ont permis de renforcer l'engagement communautaire et de promouvoir l'abandon des MGF. La participation active des différents acteurs sociaux et la mise en place de mécanismes de suivi laissent entrevoir une réduction progressive de cette pratique néfaste en Mauritanie. La campagne de déclarations publiques d'abandon des MGF est un succès et témoigne de l'engagement de la Mauritanie à protéger les droits des femmes et des filles. En soutenant ces dynamiques, le pays pose les bases d'un avenir où chaque fille peut grandir en toute sécurité, dans le respect de son intégrité physique et de sa dignité.