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Dans le cadre de la mise en pratique de ce principe, l’UNFPA, sur un financement du Japon, a appuyé le Ministère de l’Orientation Islamique pour l’organisation d’une série d’ateliers dont deux se sont déroulés à Aïoun et à Kiffa (du 27 au 29 avril pour Aïoun et du 01 au 03 mai à Kiffa), regroupant une soixantaine de leaders religieux, hommes et femmes, pour les informer et sensibiliser sur ce fléau qu’est la mortalité maternelle.

L’objectif était, d’abord, de fournir à ces leaders d’opinion l’information pertinente sur le taux trop élevé de la mortalité maternelle en Mauritanie, ses causes, son impact sur la société et les moyens d’en diminuer le nombre. Ces informations, appuyées sur un argumentaire religieux solide, interpellent directement les érudits et les met devant leurs responsabilités vis-à-vis de leurs ouailles. Le but final recherché est d’emporter leur adhésion et de les engager résolument dans la lutte contre la mortalité maternelle.

Au début de chaque atelier le gynécologue de l’hôpital local a fait une intervention fournissant les statistiques des décès maternels dans la région, leurs différentes causes (les 3 retards, le manque de suivi, l’excision, la grossesse précoce, l’obésité, la tension, la malnutrition, etc.). Ces explications faites dans un langage simple ont impressionné et interpellé les Ulémas.

Le médecin énumérait ensuite les actions qui peuvent diminuer le nombre de ces décès et insistait sur le rôle primordial de la sensibilisation des femmes et des hommes sur leurs responsabilités respectives en la matière.

Un faqih (jurisconsulte) reconnu et respecté mettait ensuite en exergue le rôle éminent que peuvent jouer les leaders religieux pour amener les femmes à abandonner les pratiques et coutumes qui peuvent mettre en danger la vie des mères, mais aussi la responsabilité des hommes qui doivent, eux aussi, sensibiliser les femmes, prendre les décisions au bon moment et, surtout, fournir les moyens nécessaires pour le suivi et les soins de la mère et de l’enfant.

Les riches débats qui ont suivi chacun de ces exposés ont montré que l’intérêt des Ulémas a été réellement éveillé. Ils ont exprimé leur satisfaction de recevoir des informations scientifiques, vérifiables, sur la base desquelles ils peuvent baser leurs avis religieux.

Les Ulémas se sont ensuite constitués en groupes de travail chargés, chacun, d’écrire un « prêche » sur l’une des thématiques liée au sujet :

- la nécessité du suivi médical

- le don du sang

- le rôle des hommes dans la lutte contre la mortalité maternelle

- le rôle et les obligations des leaders religieux en matière de sensibilisation et d’orientation etc…

Ces « prêches » ont été lus et discutés en plénière et les Ulémas ce sont engagés à les lire dans les mosquées et à les diffuser le plus largement possible.

Chacun des soixante Ulémas a fourni une liste d’au moins cinq autres leaders religieux qu’il s’engage à sensibiliser et à impliquer dans la lutte contre la mortalité maternelle.

A l’issue des deux ateliers l’adhésion des Ulémas participants à la lutte contre la mortalité maternelle était patente comme le montrent les recommandations qu’ils ont faites:

· Répéter l’organisation de ces ateliers périodiquement pour permettre aux Ulémas de rester informés et mobilisés

· Elargir ce genre d’ateliers aux communes rurales ou l’analphabétisme et la pauvreté rendent les femmes plus vulnérables.

· Transcrire les données et informations d’ordre médical dans un langage accessible aux Ulémas.

Toujours impliquer les médecins dans ce genre de rencontres.