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«Les relations avec mon mari sont souvent très difficiles et conflictuelles malgré le fait que j’ai 3 enfants. C’est de la souffrance que je ressens. Les conséquences de l’excision me hantent aujourd’hui plus encore qu’hier. J’imagine que c’est le même calvaire que vit toutes ces innocentes victimes que nous étions il y a plusieurs années et qui furent excisées à la chaîne par la matrone du village, avec le même couteau ».

J’ai tellement saigné que j’ai frôlé la mort, à en croire mes parents qui pensaient bien faire. Ses conséquences sont encore vivaces, car chacun de mes accouchements est une épreuve très douloureuse.

J’ai eu un petit soulagement après avoir suivi plusieurs séances de sensibilisation et de formation sur les conséquences psychosociales et sanitaires des mutilations génitales féminines (MGF). Cela m’a permis de comprendre ma situation, notamment ces souffrances pendant les rapports sexuels.

Je suis sortante de la promotion 2015-2016 du Centre de formation professionnelle et de promotion féminine (CFPPF) relevant du Ministère des Affaires Sociales, de l’Enfance et de la Famille (MASEF), section restauration.

Cela m’a permis d’avoir accès à des informations sur les MGF durant ma formation, de même que les filles du réseau, ce qui nous a permis de conduire des séances de sensibilisation sur les conséquences de ce fléau, auprès des associations de jeunes, surtout les jeunes filles dont beaucoup ont reconnu souffrir des mêmes maux que nous. Parmi celles qui sont mariées, l’unanimité est partagée sur leur difficile vie conjugale. Les explications que nous leur avons fourni ont permis à plusieurs d’entre elles de trouver enfin une explication à leur dramatique situation au sein de leur foyer.

Dans mon quartier, quand une femme accouche d’une fille, je suis toujours là pour sensibiliser les parents sur les méfaits de l’excision afin qu’ils ne gâchent pas la vie de leur enfant.

Je n’ai pas le chiffre exact des jeunes filles et jeunes mamans que j’ai eu à sensibiliser mais elles se comptent par dizaines, depuis ma première expérience, que cela soit à Nouakchott, dans ses différents départements, ou dans ma région d’origine.

Malgré cela, je me sens aujourd’hui une femme épanouie, je gère la buvette du Ministère des Affaires Sociales, de l’Enfance et de la Famille (MASEF) avec deux autres promotionnaires depuis janvier 2020. Heureusement, j’ai un mari qui me comprend et me soutient».

Tel est le témoignage de Mariata Ibrahima Ndiaye, 32 ans, originaire de Boghé, dans la région du Brakna. N’ayant jamais connu son père, décédé alors qu’elle était enfant, elle peut compter sur une mère attentionnée, deux grands frères et une petite sœur artiste.