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Près d’une soixantaine de personnes, cadres de différents départements ministériels, activistes de la société civile et experts ont pris part, mardi 22 juin 2021 à Nouakchott, à l’ouverture d’un atelier de trois jours sur la mobilisation des ressources domestiques en faveur de la planification familiale en Mauritanie.

L’atelier organisé sous l’égide du Ministère de la Santé, en collaboration avec le Bureau pays du Fonds des Nations Unies pour la Population (UNFPA), entre dans le cadre d’une initiative lancée par le Bureau régional pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre (WCARO) dans les 9 pays membres du Partenariat de Ouagadougou. L’Unité de Coordination du Partenariat de Ouagadougou était d’ailleurs largement représentée par une forte délégation conduite par Mme Marie Syr Diagne, Chargée de liaison pays, Sénégal, Mauritanie et Guinée.

Une augmentation de 33% sur le PNBA 2021-2023

A l’ouverture des travaux, la Secrétaire Générale du Ministère de la Santé, Mme Halima Bâ Yahya, a déclaré que l’espacement des naissances est d’une importance capitale pour les autorités mauritaniennes, citant la priorité qu’elle occupe dans les engagements du Chef de l’Etat, « Taahoudati ». Elle a cité dans ce cadre les avantages qu’offre une bonne planification familiale, notamment la lutte contre l’infertilité dans les couples, contre les IST et les grossesses à risques, mais aussi contre les naissances prématurées et les décès des enfants de moins de 5 ans.

« Notre département attache une importance toute particulière au financement et au renforcement du système de santé, en particulier l’offre de services de qualité en santé reproductive et en planification familiale (SR/PF) » a-t-elle précisé. Elle a ajouté que beaucoup d’efforts ont été déployés, avec l’appui de l’UNFPA et des autres partenaires techniques et financiers, pour l’amélioration des indicateurs en santé de la reproduction, notamment la disponibilité des produits et la mobilisation des ressources domestiques. Elle a noté une augmentation de plus de 33% accordés à ce volet dans le plan d’action budgétisé annuel (PNBA) pour 2021-2023, soulignant que le montant alloué à la SR/PF est passé de 1,5 millions MRU en 2014 à plus de 24 millions MRU, dont 3 millions MRU du budget de l’Etat. Et cela, malgré la crise multiforme entraînée par la pandémie Covid-19, a-t-elle ajouté en substance, évoquant l’intérêt du Maching Funds ou Fonds Incitatifs de Contrepartie (FLX2) de la Fondation Bill et Melinda Gates, pour l’achat des produits contraceptifs.

100.000 dollars US sur le budget de l’Etat pour les produits contraceptifs

 

S’exprimant au nom du Représentant Résident du Bureau pays de l’UNFPA, M. El Kory Ahmed Boutou, Chargé du volet santé, s’est félicité de l’engagement du Ministère de la Santé à financer pour l’année 2021, et sur son propre budget, l’acquisition des produits contraceptifs à hauteur de 100.000 dollars US. (environ 4 millions MRU). « Bien que les besoins du pays ont été comblés pour 2021 avec l’appui de l’UNFPA, toutes fois pour les années à venir, nous devons tous nous mobiliser pour que les besoins du pays en produits contraceptifs soient satisfaits » a-t-il souligné. Il a profité de l’occasion pour faire le plaidoyer auprès du secteur privé afin qu’il contribue activement à la promotion de la planification familiale et à l’acquisition des produits contraceptifs.

La PF, un problème de coordination et d’utilisation des ressources

Présentant le dossier d’investissement sur les trois résultats transformateurs de l’UNFPA, Dr. Mohamed Lemine Mohamed El Hadj, consultant, a mis en exergue les besoins en matière de financement pour la lutte contre la mortalité maternelle, les besoins non satisfaits en produits contraceptifs et la lutte contre les violences basées sur le genre (VBG) pour la période 2021-2023.

Le pays, selon lui, a besoin d’environ 450 millions MRU pour réduire la mortalité maternelle, d’environ 20 millions MRU pour satisfaire les besoins en contraception et d’environ 77 millions MRU pour la lutte contre les VBG. Un montant total d’environ 550 millions MRU.

Cependant, il a souligné que la Mauritanie dispose potentiellement d’une prévision de 3 milliards MRU de ressources publiques et d’apport des partenaires techniques et financiers. « Nous avons en principes six fois plus de ressources nécessaires pour financer les trois résultats transformateurs » a-t-il fait remarquer.

Le paradoxe d’une telle situation qui fait que le pays dispose de six fois plus de ressources par rapport à ses besoins en santé reproductive et en planification familiale (SR/PF) pour des résultats encore mitigés, s’expliquerait selon lui, par l’absence de coordination entre les différents intervenants sur le terrain de la SR/PF (autorités publiques, partenaires et société civile) ainsi qu’une mauvaise allocation des ressources, ce qui nécessite selon lui, une redistribution équitable et rationnelle de ces ressources aux périphéries.

Cette intervention a été suivie de débats et de travaux de groupes. Auparavant, les participants avaient suivi plusieurs exposés, notamment sur les enjeux de la planification familiale pour le développement socioéconomique du pays et la capture du dividende démographique.

Un autre exposé a porté sur l’initiative du Fonds Incitatifs de Contrepartie double (FLX2) pour l’achat de produits contraceptifs. Latif Dramani du CREG (Consortium régional de recherche en économie générationnelle) et Jean-Pierre Manshande, Consultant international, ont présenté respectivement une communication sur le profil démo-économique de la Mauritanie et une autre sur l’intégration de la PF dans les schémas de Couverture Santé Universelle (CSU).

La rencontre s’est déroulée en présence du Secrétaire général de l’Agence Taazour à la Solidarité nationale et à la lutte contre l’exclusion, M. Samba Ould Salem, et du Directeur général de la Santé de la Mère et de l’Enfant, Dr. Moussa Salatou Diagana, de plusieurs personnels de la santé et des représentants de la société civile.