La capitale mauritanienne, Nouakchott, abrite du 17 au 20 septembre 2024, la 1ère Conférence scientifique de la Fédération des associations de sages-femmes d’Afrique Francophone, en présence de plusieurs partenaires dont le Fonds des Nations Unies pour la Population (UNFPA) et son Directeur Régional pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre (WACARO), M. Sennen Hunton. Cette conférence se tient sous le patronage de la Première Dame, Mme Marième Mint Mohamed Fadel Ould Dah.
Elles étaient plusieurs centaines regroupées en délégation, chacune avec son accoutrement et les effigies de son pays avec la prédominance de la couleur rose. Venues du Bénin, Burkina Faso, Burundi, Cameroun, Gabon, Guinée Conakry, Côte d’Ivoire, Congo, République Centrafricaine, République Démocratique du Congo, Tchad, Madagascar, Iles Comores, Niger, Mali, Sénégal, Togo, Maroc et Egypte, les sages-femmes d’Afrique Francophone s’étaient donné rendez- vous le 17 septembre 2024 au Palais des Congrès de Nouakchott pour l’ouverture officielle de la 1ère Conférence scientifique de la Fédération des Associations des Sages-femmes d’Afrique Francophone. La conférence porte sur le thème « Intégration des services de santé de la reproduction, espacement des naissances, santé postnatale, maternelle, néonatale, infantile et adolescent, et la nutrition de qualité ».
Ouvrant les travaux de cette conférence qui se prolongera jusqu’au 20 septembre 2024, le Ministre de la Santé, M. Abdallahi Sidi Mohamed Ould Weddih a souligné que la présence de la Première Dame, Dr. Marième Mint Mohamed Fadel Dah, témoigne de l’importance que revêt pour la Mauritanie ce premier évènement organisé sur son sol par les associations de sages-femmes d’Afrique Francophone.
« Les sages-femmes bien formées et qualifiées sont le fer de lance du combat contre la mortalité maternelle, néonatale, infantile et juvénile dans l’espace subsaharien » a-t-il souligné. Il a par la suite déclaré que la Mauritanie a déployé depuis plusieurs années des stratégies visant à réduire le taux alarmant de toutes ces mortalités, citant entre autres mesures engagées, l’élargissement du forfait obstétrical et la réduction de son coût, la gratuité des services de réanimation dans les hôpitaux et des évacuations sanitaires, le renforcement des banques de sang, la disponibilité des ambulances au niveau de tous les hôpitaux et dans la plupart des structures de santé secondaire, la formation continue du personnel de santé des services d’urgence et l’augmentation considérable du nombre de personnes disposant de l’assurance-maladie.
Réaliser les Trois Zéros transformateurs
Prenant la parole au cours de la cérémonie de lancement de la 1ère conférence des Sages-femmes d’Afrique Francophone, le Directeur régional de l’UNFPA, M. Sennen Hunton a rappelé que les « Sages-femmes sont au centre des priorités de l’UNFPA », soulignant que les investissements significatifs engagés par son organisation en matière de la santé reproductive et de la planification familiale visent à atteindre les trois zéros transformateurs vers l’Agenda 2063 de l’Union africaine, à savoir, Zéro besoin non satisfait en matière de planification familiale, Zéro violence basée sur le genre et Zéro décès maternel évitable. Il a par la suite évoqué la création d’un Corps de sages-femmes humanitaires qui joue un rôle crucial en matière de polyvalence, la formation de 13.000 sages-femmes avec des niveaux en Master par le Projet Autonomisation des Femmes et Dividende Démographique au Sahel (SWEDD), le soutien apporté à plusieurs centres d’excellence pour le mentorat des sages-femmes en Afrique de l’Ouest et du Centre.
« Dans le cadre du Programme Pays, l’UNFPA a apporté son appui à la Mauritanie pour la formation initiale de 2.000 sages-femmes » a-t-il précisé, ajoutant qu’il s’agit d’un exemple à dupliquer. Il a appelé les associations de sages-femmes d’Afrique francophone à poursuivre le plaidoyer à l’endroit des décideurs pour le recrutement, la formation et le déploiement des sages-femmes.
« Investir dans les sages-femmes c’est sauver des vies »
Au cours de la conférence, la Présidente des Associations de Sages-femmes d’Afrique Francophone, Mme Anna Antunes, avait souligné l’importance d’un investissement ciblé sur les sages-femmes, car selon elle, ces dernières aident à sauver des vies. « Elles contribuent à l’intégration des services de planification familiale, post-natals et de soins maternels et infantiles ainsi que dans la nutrition » a-t-elle ajouté.
Citant une étude de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) réalisée en 2020, Mme Anna Antunes a précisé que 87% des décès maternels et infantile, soit 250.000, surviennent en Afrique, dont 70% en Afrique Subsaharienne, contre 16% en Asie.
Selon elle, 90% des naissances passent par la main des sages-femmes, d’où la priorité à accorder aux systèmes de santé dans les pays d’Afrique francophone, répétant que les « sages-femmes sont les soldats de la réduction de la mortalité maternelle » et qu’investir en elle, « c’est sauver davantage de vies ».
Les sages-femmes dans le contexte mauritanien
Mme Fatimetou Mint Moulaye, présidente des Sages-femmes de Mauritanie a été la première à prendre la parole au cours de la conférence. Elle a souligné que l’amélioration de la santé reproductive, notamment en Mauritanie, passe par la satisfaction des besoins des mères et des enfants et que cela requiert des actions sérieuses et complètes dans le processus de prise en charge et de soins.
Selon une étude réalisée en 2020 par l’OMS qu’elle cite, Mme Fatimetou Mint Moulaye évoque que 800 femmes meurent par jour pour des questions liées à la grossesse ou à l’accouchement. En Afrique subsaharienne, selon cette étude, une mère meurt toutes les deux minutes en voulant donner la vie.
Mme Fatimetou Mint Moulaye a mis en exergue au cours de son intervention le manque cruel de sages-femmes ainsi que leur mauvaise répartition sur le plan national, évoquant un déficit de 1,3 millions de sages-femmes au niveau de l’espace francophone.
Elle a invité les autorités des pays francophones à investir davantage sur les sages-femmes pour leur recrutement, leur formation et l’amélioration de leurs conditions de vie et de travail.